PIONEER : les PME et les villes de la région de Berne doivent tirer parti de l’alliance universitaire

Pourquoi la coopération internationale dans la recherche et l’enseignement revêt-elle une importance aussi considérable ?

Corina Caduff : Par suite de l’exclusion de la Suisse d’Horizon Europe, le paysage suisse de l’enseignement supérieur risque de se faire distancer à l’échelle internationale. Comme nous ne pouvons pas contribuer directement à la solution politique nécessaire, il est d’autant plus important que nous veillions nous-mêmes à ne pas rater le train du développement international en recherchant et en organisant des partenariats adéquats.

Jochen Schellinger : Ajoutons à cela la mondialisation du monde du travail et de l’environnement professionnel. Les compétences linguistiques, que ce soit lors d’échanges interculturels ou dans le cadre d’une activité professionnelle dans un contexte international, représentent donc pour nous des « Future Skills » que nous entendons transmettre à nos étudiant‑e‑s.

Qu’est-ce qui rend l’alliance PIONEER si spéciale ?

Corina Caduff : Son accent thématique et sociétal. L’alliance place le développement des espaces urbains au centre de ses préoccupations. Il s’agit de promouvoir sur le terrain des écosystèmes économiques durables et inclusifs. Nous nous engageons dans ce but en collaboration avec la politique, l’économie et le milieu bernois de l’innovation. À cet égard, PIONEER permet d’échanger avec des universités partenaires, ce qui constitue une valeur ajoutée considérable.

Jochen Schellinger : Exactement ! L’idée d’un espace européen intégré de l’enseignement supérieur est déclinée dans PIONEER au niveau des universités participantes. L’objectif est de mettre en place une haute école européenne fondée sur la coopération. Celle-ci doit d’une part développer les échanges entre les universités participantes et d’autre part proposer des enseignements communs. À long terme, on peut même imaginer des diplômes européens que PIONEER délivrerait en tant qu’université virtuelle.

Du point de vue de la recherche et de l’enseignement, quelle est la plus-value de PIONEER pour la BFH et le canton de Berne ?

Corina Caduff : S’agissant de la recherche, nous sommes responsables du domaine « Energy in the Cities ». Nous procédons actuellement à la prise de contact entre les groupes de recherche correspondants dans différentes universités PIONEER. Grâce à PIONEER, l’accès de la BFH aux consortiums de recherche internationaux est facilité. Mais la BFH ne doit pas être la seule à profiter de l’alliance. Nous voulons aussi que, par exemple, les PME de la région bernoise ou les autorités municipales trouvent leur compte par le biais de projets internationaux.

Jochen Schellinger : PIONEER rend la BFH – et par la même occasion ses professeur‑e‑s et ses étudiant‑e‑s – plus internationale et plus compétitive. L’adhésion à une alliance européenne dégage des potentiels matériels, culturels et innovants qui, par l’entremise des étudiant‑e‑s et des professeur‑e‑s, déploient directement et indirectement leurs effets dans le canton et en Suisse. Ainsi, les connaissances acquises dans le cadre de travaux de projets d’étudiant‑e‑s peuvent être directement intégrées dans les entreprises qui emploient nos étudiant‑e‑s, ou mener à la création d’offres d’études internationales, ouvertes aux étudiant‑e‑s de toute la Suisse.

Existe-t-il des exemples concrets où la BFH est engagée dans l’enseignement dans PIONEER ?

Jochen Schellinger : Les premières offres de cours numériques des universités PIONEER sont déjà ouvertes et peuvent être suivies par les étudiant‑e‑s des universités partenaires, par exemple comme matière à option. Mais il ne s’agit là que des premiers pas : nous étudions actuellement les possibilités de coopération avec certaines universités de l’alliance dans le cadre de nos cursus de master en anglais, par exemple sous forme d’échanges d’étudiant‑e‑s ou de double diplôme.

Que signifie pour vous, personnellement, la collaboration au sein de PIONEER ?

Corina Caduff : Selon moi, on ne peut jamais avoir assez d’expérience internationale. L’accès à d’autres cultures d’enseignement et de recherche, à une plus grande diversité, à de nouvelles ressources, à une plus grande expérience de collaboration, à un élargissement général des horizons… Ce sont autant de pratiques culturelles pour lesquelles l’internationalisation vaut son pesant d’or.

Jochen Schellinger : PIONEER est une occasion unique d’échanger avec un grand nombre de hautes écoles spécialisées et d’universités sur les innovations dans l’enseignement et le développement d’offres d’enseignement présentant un grand potentiel d’avenir. Les contacts humains qui en résultent sont essentiels pour moi et pour mon travail à la BFH. En outre, nous envoyons un signal particulièrement précieux en ces temps difficiles en direction de l’intégration européenne.