Les données plutôt que l’intuition

18.07.2024 Quand dois-je commencer à arroser ? Un réseau de sondes pédologiques de la BFH-HAFL aide les agriculteurs et agricultrices à prendre cette décision. Souvent, on peut attendre bien plus longtemps qu’on ne l’aurait pensé, ce qui permet d’économiser beaucoup d’eau.

David Perler montre comment les sondes sont installées. (Images : BFH-HAFL)
David Perler montre comment les sondes sont installées. (Images : BFH-HAFL)


C’est à la mi-avril que tout démarre, avec la plantation des pommes de terre. Une période chargée pour David Perler, qui avait déjà eu affaire au projet de réseau d’irrigation lors de ses études d’agronomie à la BFH-HAFL. L’idée à l’origine de ce réseau : mesurer à l’aide de sondes pédologiques le taux d’humidité du sol afin de déterminer le moment idéal pour arroser. La ferme est située à Guschelmuth, dans le canton de Fribourg. Jusqu’à la fin de l’année, David Perler l’exploite encore en communauté intergénérationnelle avec son père. Dès 2025, il sera seul aux commandes. Les Perler sont associés avec sept autres exploitations au sein d’une société d’irrigation régionale qui possède en commun huit sondes. Celles-ci indiquent quand le sol est trop sec pour les pommes de terre et qu’il faut arroser, avec de l’eau puisée dans le lac de Schiffenen voisin. C’est David Perler qui est responsable de l’installation des sondes de la société.

Principe de fonctionnement des sondes : elles mesurent la teneur en eau du sol tous les 10 cm, jusqu’à une profondeur de 60 cm. Les valeurs obtenues montrent non seulement jusqu’où l’eau pénètre dans le sol, mais également jusqu’à quelle profondeur elle est absorbée par les racines. « Nous avons remarqué que, grâce aux sondes, nous commencions à arroser un peu plus tard que nous ne l’aurions fait sur la base d’échantillons de sol et de notre intuition », explique David Perler. « Nous adaptons également la quantité d’eau. Ainsi, nous pouvons utiliser cette précieuse ressource de manière encore plus ciblée. »

Un intérêt grandissant

« Au fil des ans, l’intérêt pour le projet d’irrigation n’a fait que croitre, à tel point que nous en sommes à 280 sondes à l’échelle du pays », se réjouit Andreas Keiser, enseignant en grandes cultures et en sélection végétale à la BFH-HAFL. Le réseau a été développé en collaboration avec des partenaires cantonaux, principalement des écoles d’agriculture. « Les sondes appartiennent aux agriculteurs et agricultrices, qui nous fournissent leurs données pour notre recherche. En contrepartie, nous nous chargeons de l’installation et de l’entretien. Et nous gérons le site web www.reseaudirrigation.ch », ajoute notre interlocuteur. Le site est public.

Sur le site internet, on trouve également une application gratuite, qui calcule le bilan hydrique de n’importe quelle parcelle en se basant sur des données climatiques et pédologiques et sur les informations relatives à la culture. Chaque agriculteur peut ainsi se calibrer sur la station météo la plus proche de sa parcelle. Il suffit de saisir la date de plantation ou de semis, le stade actuel de la culture ainsi que la date du dernier arrosage, et l’application vous indique s’il y a un déficit hydrique et avec combien d’eau il faudrait encore idéalement irriguer la culture.
 

L'irrigation peut commencer.
L'irrigation peut commencer.

Collecte de données – et d’arguments

Certes, le conflit pour l’eau est encore peu prononcé en Suisse, mais un coup d’œil chez les pays voisins montre qu’il s’intensifiera à l’avenir, estime Andreas Keiser. « C’est aussi pour cela qu’il importe à long terme d’avoir des chiffres transparents et comparables sur l’irrigation. Ainsi, nous disposerons d’arguments fondés pour le débat sur la consommation d’eau », ajoute-t-il avec conviction. L’agriculture aussi doit pouvoir démontrer qu’elle utilise l’eau de manière ciblée, efficace et judicieuse.
 

L'article provient de : focusHAFL 1/24

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Domaine: Life sciences + sciences alimentaires, Agronomie + forêt