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Caring Society. Notre définition.
15.05.2024 Avec son champ thématique Caring Society, la BFH veut augmenter la prise de conscience de notre société au concept de care. Entretien avec Carolin Fischer, responsable du champ thématique.
Le concept de Caring Society n’est pas facile à concevoir. Comment le comprenez-vous?
Dans une Caring Society, l’aspect qui prime tous les autres est la responsabilité de chacun-e de prendre soin les un-e-s des autres. «Care» traduit la volonté de prendre soin les un-e-s des autres, les un-e-s pour les autres. «Les un-e-s des autres» s’entend comme un symbole, exprimé sous forme d’empathie, tandis que «les un-e-s pour les autres» désigne les actions réelles de care: faire concrètement quelque chose les un-e-s pour les autres.
Les relations de care sont tout simplement indispensables pour rendre le vivre-ensemble possible dans une société. La notion de care est d’une part un besoin fondamental commun à tous les êtres humains, d’autre part une prestation destinée aux personnes qui ont besoin de soutien pour affronter leur vie. Ces prestations peuvent être fournies de manière informelle, par exemple au sein de la famille ou du voisinage, mais aussi dans un contexte professionnel, notamment par le biais de soins ou de conseil social.
Une Caring Society se base sur le principe universel suivant: pour toutes et tous, de la même manière, le care nous permet de vivre et de rester en vie. Une Caring Society, j’en suis consciente, est une forme d’utopie, d’idéal. Nous devons l’envisager comme un modèle qui guide nos actes au sein de la communauté, afin de parvenir à une société plus solidaire, plus harmonieuse et plus juste.
Pourquoi ce thème est-il important pour notre société?
Notre société traverse une crise aigüe de care. D’une part, nous faisons face à des pénuries dans le domaine des soins médicaux et infirmiers. D’autre part, les prestations de care sont peu valorisées, tant dans l’environnement familial que professionnel, où les services de soins sont fortement sollicités mais mal rémunérés, ou souffrent d’un manque de reconnaissance symbolique. La Caring Society s’établit en contrepoint de cet état de fait.
Les sociétés qui valorisent le care et les relations de care sont plus égales, plus justes, et favorisent le bien-être de chacun-e. La Caring Society va cependant encore plus loin: nous ne devons pas prendre uniquement soin de nous, êtres humains, mais aussi de nos espaces de vie. J’entends ici tant l’environnement au sens large que la conception des espaces dans lesquels se jouent les différentes dimensions de notre quotidien, notamment les places de travail, les zones d’habitation et les infrastructures publiques. Toutes constituent des ressources essentielles pour notre vie, des conditions au fonctionnement des Caring Societies.
À quel moment une société devient-elle une société de soutien, une Caring Society?
Lorsque le care est ancré dans tous les domaines du vivre-ensemble et également mis en pratique. La politique, l’économie, mais aussi la science jouent ici un rôle important. Une Caring Society implique un équilibre entre les prestations de care fournies sur les plans formel, informel et privé. Dans la conception d’une Caring Society, tout le monde est invité à apporter ses compétences, peu importe son lien avec le thème.
Cependant, il restera toujours des besoins en prestations de care que les structures privées ou informelles, comme les familles ou le voisinage, ne peuvent pas satisfaire, que ce soit en raison d’un manque de ressources ou de savoir-faire. Une Caring Society s’exprime également à travers la reconnaissance universelle des différentes formes de prestations de care: on ne se limite pas à en prendre platement connaissance ou à les catégoriser comme une évidence.
En fin de compte, une Caring Society se traduit par un meilleur bien-être de ses membres. Si une personne se sent bien dans une communauté et qu’elle éprouve un sentiment de reconnaissance, de soutien, d’autonomie et de liberté d’action, elle la percevra comme une Caring Society.
Il est crucial de tenir compte des connaissances actuelles au sein d’une population, afin d’éviter autant que possible de délaisser une perspective sur un thème traité.
Quel objectif poursuit la BFH avec son champ thématique Caring Society?
La Caring Society est l’un des grands thèmes de notre époque. S’en saisir permet à la BFH de le promouvoir. Et elle le fait en se positionnant en haute école qui traite le thème dans toute son ampleur, sans le réduire à un domaine exclusivement apparenté aux disciplines telles que la santé et le travail social. La BFH a choisi de comprendre et d’appréhender la Caring Society sous un angle interdisciplinaire, autrement dit en impliquant ses différents départements; elle l’intègre à ses formations initiales et continues, à ses recherches, et contribue à développer des innovations et des solutions créatives.
La recherche appliquée fournit des conclusions et des impulsions importantes pour la conception d’une Caring Society. Les aspects pertinents sont ensuite transférés dans diverses professions avec la formation initiale et continue. Le champ thématique stratégique Caring Society permet aussi à la BFH de mettre l’accent sur les grands défis actuels, à l’instar des deux autres champs Transformation numérique centrée sur l’humain et Développement durable.
Les résultats de recherches à eux seuls n’ont pas encore beaucoup d’impact. Comment prévoyez-vous de convaincre le public de la nature d’une Caring Society?
C’est important d’impliquer largement le public. Nous faisons participer les groupes concernés chaque fois que cela s’impose dans un projet de recherche. Cette pratique est établie depuis longtemps à la BFH. Il est crucial de tenir compte des connaissances actuelles au sein d’une population, afin d’éviter autant que possible de négliger une perspective sur un thème traité.
Montrer la valeur ajoutée de notre travail dans le champ thématique Caring Society, à l’aide d’exemples clairs et concrets, est en outre capital. Pas uniquement par les différents médias et réseaux sociaux, mais aussi lors d’évènements publics. Pour atteindre la plus large diversité possible de personnes, nous expérimenterons certainement encore d’autres formats non conventionnels. En fin de compte, une Caring Society s’adresse à tout le monde.