Irene Weber – Secouriste en santé mentale

Les cours de premiers secours de l’ensa permettent aux personnels de la BFH de reconnaître à temps les signes de difficultés psychiques chez leurs proches ou leurs collègues. 86 personnes de la BFH les ont déjà suivis. L’une d’entre elles, Irène Weber, nous donne ses impressions. 

Irene, comme coordinatrice à la BFH-AHB Bienne, tu es en contact avec des personnalités très variées ; qu’est-ce qui t’a incitée à suivre le cours de premiers secours « ensa » ?

Ces contacts multiples ont été déterminants pour moi. Si l’échange est fréquemment professionnel, il arrive aussi qu’il devienne plus personnel, ce que j’apprécie beaucoup. Parfois sont évoquées des situations pesantes : le stress, le surmenage, le sentiment de ne pas être à la hauteur… Mais aborder ces questions n’est pas facile, dans la mesure où les troubles psychiques sont un mal encore largement tabou. Les cours ensa m’ont donc tout de suite intéressée. Comment aborder un mal-être psychique dans une discussion ? Qu’est-ce qui est approprié dans un contexte professionnel ?  

Quelles sont les méthodes et les aides apprises pendant le cours ?

Le cours permet d’acquérir des connaissances de base sur les maladies psychiques, de la dépression aux psychoses complexes en passant par l’anxiété. Au cours de samaritains, j’ai appris l’ABDC des premiers secours. Pour ensa, le schéma d’intervention s’abrège « ROGER ». Il s’applique dans en présence de signes concrets de trouble psychique. Les situations sont exercées sous forme de jeux de rôles, une approche aussi exigeante qu’efficace. Une fois, il m’a fallu questionner, sans tourner autour du pot, une personne à propos de ses pensées suicidaires : même dans une situation mise en scène, ce n’était pas évident ! Dans ce cours, on apprend ce qu’on peut faire en tant que secouriste, où se situent les limites et comment on peut aider autrui à faire les pas suivants. Dans notre groupe, les récits d’expériences personnelles ont été nombreux. Pour cela aussi il y avait l’espace de dialogue nécessaire et les questions ont été traitées de façon très professionnelle. 

Tu es maintenant secouriste diplômée en santé mentale à la BFH - dans quelle mesure ce que tu as appris t’est-il utile dans ton quotidien professionnel ou ton environnement ?

Le cours m’a donné la confiance en moi pour aborder de façon directe des problèmes psychiques lorsqu’on en a le soupçon. On apprend que la maladie psychique n’est justement « qu’une » maladie et qu’il est possible d’aider la personne affectée. C’est très précieux, dans le contexte professionnel mais aussi dans la vie privée. J’espère pouvoir établir encore plus solidement mon rôle de secouriste dans mon métier et contribuer au bien-être psychique à la BFH. 

A propos, que fais-tu pour ton propre bien-être psychique ? Est-ce que le cours a également modifié la perception de ta propre santé ?

Nous avons également thématisé cet aspect : comment renforcer sa propre santé psychique, par exemple par les contacts sociaux et un style de vie actif. Quand on est comme moi maman de deux enfants en bas âge, l’activité va de soi…. Et j’ai un conseil qui pourra surprendre : un examen sanguin chez son médecin peut parfois faire des miracles ! Je suis sûrement devenue plus attentive aux signaux d’alerte qui peuvent révéler un mal-être psychique. Je ne peux que recommander les cours ensa – c’est en parlant des maladies psychiques qu’on vaincra ce tabou.