« La production animale est fondamentale pour la Suisse. »

Martin Pidoux, quel est l’avenir de la production animale en Suisse ?

Martin Pidoux: La Suisse est un pays de montagnes. Par conséquence, les herbages y sont déterminants et couvrent plus de 70% de notre surface agricole, plus encore si l’on considère les alpages. Ainsi, la production animale occupe une place centrale dans le système agroalimentaire suisse. Elle est le revenu principal de nombreuses familles paysannes, contribue à la sécurité de l’approvisionnement du pays, génère de la valeur ajoutée et des exportations, mais a aussi des effets significatifs sur notre environnement. L’avenir de la production animale est ainsi une question fondamentale pour la Suisse. Il s’agit d’apporter des réponses scientifiquement fondées, pragmatiques et cohérentes. Il n’y a pas de place pour les approches dogmatiques dans le domaine de l’agriculture et de l’alimentation. 

Comment la production animale va-t-elle évoluer ces prochaines années ?

La production animale a progressé dans de nombreux domaines, par exemple le bienêtre des animaux a été significativement amélioré. Il reste cependant encore de grands défis, comme la réduction des émissions de gaz à effet de serre ou la mise en adéquation de l’offre et de la demande en denrées d’origine animale. En Suisse, la production de volaille ne couvre qu’environ 60% de nos besoins.

Qu’est-ce qu’une production animale durable ?

Deux éléments de réponse. Premièrement, de nombreux objectifs de durabilité sont directement en conflit les uns avec les autres. Par exemple, le bienêtre animal et la réduction des émissions de gaz à effet de serre dues au pâturage. Cette réalité rend la situation complexe. Deuxièmement, la durabilité ne doit pas être mesurée uniquement au niveau de la production, mais tout au long de la chaine de valeur ajoutée. En d’autres mots, il est inutile d’améliorer la durabilité de la production si cela entraine une hausse des importations (qui sont souvent produites de manière moins durable qu’en Suisse). Lors du forum, nous essayerons d’apporter une réponse plus précise à cette question.

Que faut-il faire en Suisse pour favoriser une production animale durable ?

Ici aussi, difficile de répondre de manière définitive. Je propose plutôt quelques pistes de réflexion. Il me parait important de favoriser une approche holistique et de penser la durabilité de toute la filière animale, de la production jusqu’à la consommation. Il faut par ailleurs sensibiliser les consommateurs et consommatrices aux enjeux de la production animale. Enfin, je pense qu’il sera à l’avenir important de réfléchir aux couts réels de la production animale et donc à la valeur des denrées d’origine animale. La qualité ne peut pas être bradée à « prix discount ».

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