- Projet de Recherche
Baromètre Conditions de travail
La qualité des conditions de travail en Suisse joue un rôle décisif pour la place économique et le bien-être des employé-e-s. Cette qualité est évaluée par le Baromètre Conditions de travail, qui examine chaque année des indicateurs dans les domaines de la motivation, de la sécurité et de la santé sur la base d’un échantillon représentatif.
Fiche signalétique
- Institut(s) Institut de sécurité sociale et de politiques sociales
- Organisation d'encouragement Innosuisse
- Durée (prévue) 01.04.2015 - 31.12.2024
- Direction du projet Prof. Dr. Tobias Fritschi
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Équipe du projet
Luzius von Gunten
Prof. Dr. Peter Neuenschwander
Thomas Oesch
Alissa Sabrina Patricia Hänggeli
Olivier Tim Lehmann - Partenaire Travail.Suisse
- Mots-clés Travail, employé-e-s, conditions de travail, surveillance, qualité
Situation
La satisfaction des employé-e-s et un climat de travail productif sont importants pour la place économique suisse. Toutefois, les mégatendances telles que la mondialisation et la numérisation soumettent le monde du travail à des changements constants. Alors que la qualité du travail fourni est essentielle pour les employeurs, la qualité des conditions de travail l’est tout autant pour les employé-e-s. C’est pourquoi la BFH et Travail.Suisse collectent depuis 2015 des chiffres sur la qualité des conditions de travail en Suisse avec le Baromètre Conditions de travail. Ce projet de coopération repose sur l’idée qu’un travail porteur d’avenir doit protéger la santé, maintenir la motivation et offrir un niveau de sécurité garanti.
Approche
Pour chaque Baromètre Conditions de travail, environ 1500 personnes âgées de 16 à 64 ans sont interrogées à titre d’échantillon représentatif. La méthodologie de l’enquête s’inspire de l’indice allemand Gute Arbeit de la Confédération allemande des syndicats (Deutscher Gewerkschaftsbund DGB). La qualité des conditions de travail est évaluée du point de vue des employ-é-s en termes de motivation, de sécurité et de santé. Ces aspects sont respectivement subdivisés en deux sous-dimensions:
- en ce qui concerne la motivation, les questions portent sur le sens et l’estime ainsi que sur la liberté d’action et les possibilités de développement;
- pour ce qui est de la sécurité, l’accent est mis sur les perspectives, la confiance et la satisfaction;
- en matière de santé, ce sont le stress et l’allègement de la charge de travail qui sont pris en compte.
Ces six sous-dimensions sont mesurées à l’aide de plusieurs critères et items. Il en résulte pour chaque sous-dimension des valeurs comprises entre 0 et 100, une valeur d’indice de 100 correspondant à une situation de travail optimale.
Résultats
Résultats généraux
La motivation des employé-e-s en Suisse est élevée. En revanche, les possibilités de développement et la liberté d’action sont jugées relativement faibles. Notamment dans l’hôtellerie-restauration ainsi que dans le commerce de gros et de détail, le manque de prise sur les horaires de travail est perçu comme une contrainte. Les valeurs assez élevées concernant la conciliation entre travail et vie de famille stagnent à environ 75 points sur 100.
Dans les dimensions de la motivation et de la sécurité, les personnes sans formation, les femmes ainsi que les personnes étrangères affichent des valeurs nettement plus basses. Ainsi, la mobilité limitée sur le marché du travail affecte les personnes sans formation post-obligatoire. Chez les femmes, on constate les plus grandes différences au niveau des indicateurs revenu et liberté d’action. Les personnes de nationalité étrangère présentent des valeurs plus faibles dans toutes les dimensions. L’égalité des chances d’accès à des conditions de travail favorables pourrait donc être améliorée.
Les valeurs dans la dimension «santé» restent stables à un niveau relativement bas. Le stress et la charge psychique sont perçus comme particulièrement pénibles.
On constate de grandes différences entre les branchesTandis que les branches éducation et enseignement ainsi que services économiques/techniques arrivent régulièrement en tête, l’hôtellerie-restauration se retrouve souvent à la dernière place du classement des branches. La sécurité de l’emploi à moyen terme est jugée le plus sévèrement dans les branches Transport et entreposage ainsi que Finances et assurances. C’est dans ces branches que les conséquences de la numérisation se font le plus sentir et que des postes comparables disparaissent de plus en plus.
Dans certaines régions, la qualité des conditions de travail est jugée moins bonne. Des différences significatives existent notamment pour les dimensions principales que sont la sécurité et la motivation entre la Suisse alémanique et les cantons du Valais, de Vaud, de Genève et du Tessin. Dans les régions où travaillent beaucoup de frontaliers et frontalières, le risque de perte d’emploi préoccupe davantage les employé-e-s.
Télétravail pendant la pandémie de Covid
Pendant le confinement, la moitié des employé-e-s travaillaient entièrement ou partiellement en télétravail. La majorité des personnes ayant pratiqué le télétravail ont mentionné des effets positifs: la suppression des trajets, l’autonomie accrue et le calme sur le lieu de travail. Il y a également eu des effets négatifs sur le bien-être. C’est le manque de contacts sociaux sur le lieu de travail qui a été le plus souvent cité, suivi par le manque d’ergonomie du poste de travail, la disponibilité permanente et la difficulté de concilier vie familiale et activité professionnelle.
Activités et lieu de travail
Les activités concrètes ont un impact particulièrement important sur la satisfaction au travail. Ainsi, le contact avec la clientèle, le travail avec des matériaux ou les activités en plein air augmentent la satisfaction. Les activités exercées sur un ordinateur, en équipe, impliquant de grandes responsabilités ou dans une position hiérarchique supérieure sont également évaluées positivement. En revanche, les activités physiquement éprouvantes et les activités sans lumière du jour entrainent une satisfaction moindre.
Concernant le lieu de travail, un trajet plus long engendre une moindre satisfaction. De même, les personnes qui ne peuvent pas ou ne sont pas autorisées à travailler à leur domicile sont plus insatisfaites de la qualité des conditions de travail que celles qui passent au moins la moitié de leur temps en télétravail. Toutefois, les analyses montrent également que les employé-e-s continuent d’apprécier un poste de travail personnel.
Page du projet avec toutes les études depuis 2015
Rapports et articles
Perspectives
Sur la base des conclusions du Baromètre Conditions de travail, un projet portant sur le bien-être au travail est actuellement envisagé, qui devrait notamment inclure le développement d’interventions en ligne sur l’organisation individuelle de son propre travail («job crafting»).