Un coléoptère rare trouvé en Suisse

Depuis 2000, la réserve forestière naturelle de Sihlwald, une ancienne forêt de production, revient lentement à l’état sauvage. Les arbres morts ne sont pas enlevés, ce qui a des répercussions positives sur la biodiversité. Dans cette zone, l’amadouvier prolifère ainsi sur les troncs des hêtres morts. Son sporophore constitue l’alimentation de base et l’habitat de nombreuses espèces d’insectes, dont notamment Bolitophagus reticulatus, le lépreux des mycètes. Ce coléoptère, qui mesure entre 6 et 7 millimètres, est un indicateur clair du caractère naturel d’une forêt.

«C’est la première fois que cette espèce de coléoptère est observée dans le canton de Zurich», explique Thibault Lachat, professeur à la Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires BFH-HAFL, qui effectue régulièrement des travaux de recherche dans la forêt du Sihlwald. Lors d’un contrôle de routine le 25 juin 2024, il a découvert quelques spécimens. «Même dans le reste de la Suisse, on n’a à ce jour que très rarement observé cette espèce», explique l’écologue forestier. «L’espèce était probablement presque éteinte en Suisse.» Actuellement, elle se propage à nouveau lentement en Europe. «Bolitophagus reticulatus est considérée comme très mobile; l’espèce va probablement se réinstaller partout où l’amadouvier peut s’établir et offrir de nombreux sporophores.»

Le chercheur estime qu’il s’agit d’un signe positif: «La préservation de notre biodiversité nécessite beaucoup de bois mort, donc un juste mélange entre forêts de production proches de la nature et réserves forestières.» Les réserves forestières naturelles comme le parc naturel périurbain de Sihlwald ont une fonction importante à cet égard: «De grandes populations d’espèces rares peuvent s’y établir et recoloniser d’autres habitats à partir de ce réservoir.»