Des chercheurs de la BFH étudient le système de vote électronique de La Poste

« Il n’existe probablement pas de pays avec un intérêt aussi marqué que la Suisse pour un système de vote numérique », estime Rolf Haenni, professeur d’informatique et chercheur au sein de l’E-Voting Group de l’Institute for Cybersecurity and Engineering ICE, à la Haute école spécialisée bernoise BFH. La raison ? La quantité comparativement importante d’élections et de votations organisées chaque année. Notre pays tente depuis plusieurs années déjà d’introduire un système de vote électronique, mais sans succès jusqu’à présent. Le dernier développement dans ce domaine – le système de La Poste Suisse – est certes sur la bonne voie, mais il présente encore quelques lacunes. C’est ce qu’ont démontré les études commanditées par la Chancellerie fédérale.

Impression générale

Parmi les expert-e-s suisses et étrangers figuraient les chercheurs de la BFH Rolf Haenni, Reto Koenig, Philipp Locher et Eric Dubuis. Ils se sont penchés sur le protocole cryptographique ainsi que sur le logiciel du système. Par rapport aux versions précédentes, ils ont constaté de nettes améliorations et souligné de manière positive le dialogue continu entre la science et la pratique. Néanmoins, ils ont pu identifier dans certains domaines des failles de sécurité susceptibles de mettre en danger la vie privée des électeurs et électrices ou de rendre le système plus vulnérable. Ils font en outre remarquer que le système est apparemment encore en plein développement. En conclusion, ils constatent qu’en l’état actuel, il ne répond pas aux exigences élevées posées et que d’autres améliorations sont nécessaires.

Des années d’expérience dans le domaine du vote électronique

La BFH est la principale institution de recherche suisse dans le domaine du vote électronique. Des recherches sont menées sur ce thème depuis 2009 déjà, permettant d’acquérir, au fil des ans, une grande expérience et de constituer un bon réseau. En collaboration avec le canton de Genève, les chercheurs de l’E-Voting Group ont eux-mêmes participé, il y a quelques années, au développement d’un système de vote numérique et ont donc pu expérimenter de près les points faibles les plus fréquents et les principales difficultés. Ils ont en outre déjà été chargés à plusieurs reprises par la Chancellerie fédérale d’examiner les systèmes proposés.

Le développement de La Poste passe à la vitesse supérieure et, à partir de la mi-juin, les chercheurs examineront à nouveau l’application dans les moindres détails afin de déterminer si elle répond désormais aux exigences les plus strictes. Car « si le système électoral n’est pas fiable, la démocratie est en danger », relève Rolf Haenni.