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Une vie villageoise plus riche grâce aux réfugié-e-s
24.09.2024 Des chercheurs et chercheuses de la BFH ont étudié la manière dont les réfugié-e-s pourraient participer à la vie culturelle d’une commune. Ces personnes possèdent des talents susceptibles de profiter à la communauté, c’est pourquoi il faut les aider à s’intégrer.
Quel est l’objectif de ce projet de recherche de la BFH sur l’intégration des réfugié‑e‑s?
Dans le canton de Berne, les hébergements collectifs pour les réfugiée-e-s se trouvent souvent «à l’écart». Le manque de proximité avec la communauté restreint fortement les contacts avec la population locale. Ce projet de recherche entend rapprocher la communauté villageoise et les réfugié‑e‑s afin de favoriser une compréhension mutuelle.
Il faut permettre aux réfugié‑e‑s de participer à la vie culturelle et d’offrir leurs talents à la vie du village. En effet, nombre de ces personnes possèdent des compétences intéressantes: nous avons par exemple fait la connaissance d’un artiste peintre, d’un informaticien et d’une cheffe de projets agricoles.
Comment l’équipe de recherche a-t-elle procédé?
Elle a décidé de lancer un processus participatif impliquant à la fois la population du village et les réfugié‑e‑s. Afin de le préparer, de premiers ateliers ont été organisés. Les chercheurs et chercheuses ont ainsi visité le centre d’hébergement d’Enggistein, près de Worb (BE) pour rencontrer les réfugié‑e‑s qui y vivent et identifier, lors de discussions, leurs intérêts et leurs talents. Dans le cadre d’un atelier subséquent, l’équipe de recherche a pris contact avec les associations villageoises pour recenser leurs intérêts et les possibilités d’intégration des réfugié‑e‑s.
À quoi ces ateliers ont-ils abouti?
Les deux parties ont consenti à s’engager dans une collaboration, ce qui a particulièrement réjoui l’équipe de recherche. Les réfugié-e-s ont notamment pu démontrer leurs talents culinaires lors de la fête d’été d’une association locale à laquelle les visiteurs et visiteuses ont dégusté des mets délicieux des quatre coins du monde. Cet exemple le prouve: il suffit souvent d’un rien pour rapprocher les réfugié‑e‑s et la population locale.
Quel a été le plus grand défi?
Je dirais que c’était de pouvoir rencontrer les réfugié‑e‑s. Les organisations responsables des hébergements collectifs disposent de ressources limitées en temps et en argent. La participation à un projet de recherche constitue un surcroit de travail qu’il leur est souvent impossible d’assumer.
Mais il y avait aussi la barrière linguistique. Les personnes en fuite viennent de pays et de régions linguistiques très différents. En dépit de la présence de traducteurs et de traductrices, il n’a pas été possible de s’entretenir avec tou‑te‑s les résident‑e‑s du centre d’hébergement. Heureusement, certain‑e‑s réfugié‑e‑s parlent plusieurs langues, ce qui fut d’une grande aide.
Quel est l’intérêt de ce projet pour la société?
Les rencontres entre réfugié‑e‑s et population locale permettent de lutter contre les préjugés. Les obstacles à ces contacts sont éliminés un à un pour finir par disparaitre complètement. Lorsque des échanges réguliers s’installent, le statut des réfugié‑e‑s ne joue soudain plus aucun rôle. Car c’est l’individu, avec ses intérêts et ses compétences, qui est au cœur de la démarche.
Par ailleurs, en plus d’être utile et de contribuer à leur bienêtre psychique, l’implication des réfugié‑e‑s dans la communauté et la vie associative, dans l’attente du traitement de leur dossier, peut être un enrichissement. De telles relations contribuent à une Caring Society – une société soucieuse de ses membres – et ce réciproquement.
L’étude prend fin: que se passe-t-il après?
L’équipe de recherche prépare un nouveau projet visant à développer à plus grande échelle les possibilités de participation des réfugié‑e‑s et à l’étendre à d’autres localités. L’objectif est de développer une sorte de «boite à outils» destinée aux communes, fondée sur les expériences accumulées et facilitant l’intégration des réfugié‑e‑s dans la vie culturelle et sociale locale.
Informations sur les expert-e-s de la BFH et leur projet
Le projet sur l’intégration des réfugié‑e‑s vivant dans des hébergements collectifs a été conduit par la professeure Prof. Dr. Eveline Ammann Dula, qui dirige l’Institut Diversité sociale et culturelle au sein du département Travail social de la BFH. Ses activités se concentrent sur la migration, la dimension internationale du travail social, la recherche biographique, la diversité et l’intersectionnalité. L’intersectionnalité traite de différentes formes de discrimination auxquelles sont confrontés simultanément des groupes de personnes ou des individus.
Heidi Kaspar, responsable du Centre de compétence en soins de santé participatifs de la BFH, ainsi que d’autres collaborateurs et collaboratrices ont également participé au projet.