« Jusqu’à la fin » : fin de vie à domicile

Plus des deux tiers des Suisses désirent mourir à domicile, mais ce souhait ne se réalise que pour 23 % de la population, selon une étude de 2017. C'est là qu'est intervenu le projet Compassionate City Lab de Claudia Michel. Dans le cadre de ce projet, elle a élaboré, avec son équipe de la BFH, une série de mesures visant à sensibiliser la population à cet écart entre souhaits et réalité.

Rendre tangible le sujet tabou de la mort

Le projet a accouché, entre autres, d’une exposition itinérante et du documentaire Bis zuletzt. « Nous voulons que les spectateurs et spectatrices se demandent comment ils ou elles réagiraient aux souhaits liés à la fin de vie de leurs proches », explique le coréalisateur Oliver Slappnig pour décrire l’objectif du film. En compagnie de Claudia Michel et de sa caméra, il a donc rendu visite, d’une part, à des personnes qui soignent leurs proches à domicile et, d’autre part, à des représentantes communales et à des représentants communaux ainsi qu’à des politicien‑ne‑s qui s’engagent en faveur d’une fin de vie plus digne chez soi.

Ce qui était certain, c’est que traiter le sujet allait demander à la fois de l’espace – c.-à-d. divers lieux de tournage – et du temps. Et que mourir chez soi n’a pas qu’un côté sordide, mais aussi de bons côtés. Ses qualités de cinéaste et de graphiste ont aidé Oliver Slappnig à donner forme à ces aspects. « J’ai longtemps cherché une musique qui ne semble pas trop pesante, qui exprime un certain optimisme », explique Oliver Slappnig pour décrire son approche. Il a également cherché à faire émaner une certaine légèreté de la voix off et des impressions recueillies.

Comme pour tout documentaire, la production de Jusqu’à la fin a bénéficié d’un petit coup de pouce de la chance. Par exemple, lors du tournage, l’équipe a trouvé de la neige fraiche dans le Kandertal, ainsi que des couleurs automnales et un brouillard au sol percé de rayons de soleil près de Berne. Malgré le caractère délicat du sujet, le coréalisateur a veillé à conserver un ton et un langage visuel peu oppressants, plutôt neutres, voire même un peu provocateurs.

Poser les fondements d’un débat sociétal

« J’ai abordé cette tâche avec respect », admet ouvertement Oliver Slappnig. Au fil du tournage de Jusqu’à la fin, il s’est rendu compte à quel point nous devons tenir compte du vieillissement de nos proches. « En parler à temps. Répondre présent‑e quand on a besoin de nous » : c’est le message central que le coréalisateur entend faire passer. Son entourage compte aussi des personnes désireuses de passer leur fin de vie chez elles.

Les réactions positives que le film a suscitées confirment que Jusqu’à la fin a capté l’air du temps. Le fait qu’il soit régulièrement présenté lors d’évènements consacrés à ce thème confirme d’ailleurs cette impression. Il brise le silence et ouvre la porte à un sujet aussi inévitable qu’humain. Jusqu’à la fin pose les fondements du débat sociétal et le stimule inlassablement – tout comme l’exposition itinérante qui l’accompagne.

Le documentaire Jusqu’à la fin d’Oliver Slappnig et Claudia Michel a été accueilli par plus d’une douzaine de festivals de cinéma en 2022 et 2023, et a été primée à plusieurs reprises.